L'Histoire du club:
Jean GAYET raconte :
« Je connaissais le canoë depuis 1947, époque à laquelle je naviguais avec un ardéchois. Puis, peu à peu quelques chambériens se joignaient à moi pour naviguer, les dimanches d’été, sur un matériel hétéroclite. »
Les embarcations utilisées alors étaient des canoës en bois dépontés, recouverts d’une toile sanglée pour l’étanchéité. Sans casque, gilet de sauvetage ou réserves de flottabilité, les touristes descendaient torse nu l’Ardèche ou le Chéran.
Paulo PERRIER se souvient de sa première course de descente :
« En 1958 le Touring Club de France organise la première course de canoë kayak sur la Haute Isère. Peu de bateaux inscrits : 5 ou 6 canoës biplaces et une vingtaine de kayaks. Les kayaks étaient entoilés sur une ossature en bois ; il en existait deux catégories : rigides ou pliants.
Nous transportions notre canoë dans une camionnette. Personne n’avait de remorque et les autres attachaient les bateaux sur le toit des voitures. Ce canoë était un Canadien tout en bois. Un pontage plat en toile couvrait tout le dessus de l’avant à l’arrière, attaché le long avec des sandows sur des crochets. Il y avait deux trous avec des cheminées pour les équipiers. La flottabilité était assurée par des chambres à air de voiture attachées au fond. On n’avait pas de vêtements particuliers : des vieux pulls avec des savates ordinaires (des après-ski si c’était l’hiver) ; pas de gilet ni de casque.
Pour reconnaître le parcours, nous étions montés deux jours avant. Le niveau d’eau n’était pas connu et variait entre 20 et 40 mètres cubes mais ce n’était pas trop important : plus il y avait d’eau, plus ça allait vite et c’était tout. L’entraînement était en fait plusieurs descentes entre copains, pour le plaisir ; notre futur club n’étant même pas encore créé.
Le parcours, de Bourg Saint Maurice à Centron durait entre une heure et quart et une heure et demie. Le départ était au-dessus du pont d’Hauteville et les dessalages commençaient déjà tout de suite au-dessous du pont. Nager pendant la course n’était pas un problème car presque tout le monde dessalait et le plus rapide à repartir gagnait. Il y avait aussi ceux qui vidaient. Je me souviens avoir rattrapé des concurrents plus rapides et les avoir doublés au moment où ils étaient en train de vider l’eau entrée par le pontage. Nous étions contents de profiter des problèmes des autres pour les dépasser. Malheureusement, dans le dernier rapide de Centron notre canoë a chaviré en partie, mon équipier a terminé la course à la nage et je suis arrivé sans lui.
Nous n’avons pas été classés mais qu’importe, l’essentiel n’est-il pas de participer… »
En 1959, Monsieur BANTI, de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports recommanda alors aux canoéistes chambériens de s’organiser. Le 24 avril 1959 fut donc constituée lors d’une réunion à la Maison des Jeunes et de la Culture de Chambéry, une section nommée alors Canoé Club de Chambéry.
Les 45 personnes présentes élisaient le photographe Jean GAYETcomme Président, Francis BLANC devenait Secrétaire, et André BARDAGOT, Directeur de la MJC était désigné Trésorier.
Les statuts précisaient que la MJC :
« - demanderait l’affiliation à la Fédération Française de Canoé-Kayac
- mettrait en œuvre tous ses moyens pour permettre aux adhérents du club de participer aux différentes compétitions organisées par la Fédération Française de Canoé-Kayac
- organiserait pour ses adhérents des descentes de rivière sportives et des sorties de tourisme nautique
- organiserait des cours d’initiation de canoé avec l’aide et sous la direction du Service départemental de la Jeunesse et des Sports de Savoie
- mettrait à la disposition du club un atelier de construction de canoés »
Le 10 février 1960, le Docteur LEMORDANT, Président du Conseil d’Administration de la MJC demandait « l’affiliation de la MJC à la Fédération Française de CANOE KAYAC. »
Le 22 mars 1960, Monsieur Charles de COQUEREAUMONT, Président de la Fédération Française de CANOE KAYAK avait le plaisir d’informer le Président de la MJC que celle-ci était affiliée et rappelait que « toutes les demandes de vignettes Tourisme ou licences de compétition doivent être adressées par l’intermédiaire de la Ligue du Lyonnais »
Ainsi était né officiellement le canoë club de Chambéry.
Jean GAYET continue :
« Notre objectif était alors uniquement touristique. Personnellement, je pensais que se balader sur les rivières incitait plus à la rêverie qu’à la compétition. Quelque temps plus tard nous avons pris contact avec les clubs de la région qui existaient depuis quelques années (Grenoble, Valence, Annecy…) Mais nous savons bien ce que sont des hommes : ils veulent toujours savoir s’ils sont plus forts et plus habiles que leur voisin. C’est ainsi que nous avons commencé à nous inscrire aux compétitions organisées par la Ligue. Juste pour voir…
Pour voir, nous avons vu ! ! ! Notre technique était tellement rudimentaire que la première année, quand nous cherchions les Chambériens sur une liste de résultats, nos regards se portaient immédiatement vers le bas de la feuille. Je me souviens de n’avoir pas osé aller m’entraîner sur un bassin de slalom, estimant que j’avais suffisamment de chances d’aller à l’eau pendant la compétition. »
Très rapidement la technique et le matériel s’améliorent : les « combinaisons d’homme grenouille » apparaissent ainsi que les gilets de sauvetage à boudins d’air (qui se remplissait d’eau une fois crevés).
Lorsque les toiles recouvrant les bateaux furent usées, on les remplaça par des couches de tissu de verre. André BARDAGOT demanda à des ingénieurs de l’usine du Verre Textile de Chambéry de venir donner des cours de stratification à l’atelier de la MJC et organisa des stages. Et c’est ainsi que les bateaux en bois furent recouverts de résine. Puis des moules furent construits et des bateaux totalement en fibre de verre en sortirent. Les rouleaux de « mat » et de « tissu » étaient donnés par l’usine, et quand il n’y eu plus d’approvisionnement officiel, il fallu aller les récupérer le soir à la décharge avant le passage du bulldozer chargé de tout compacter. Les rouleaux déclassés dont ne se servait pas le club étaient même vendus à Paris par certains athlètes chambériens de service au Bataillon de Joinville…
Chaque année, lors de l ‘assemblée générale du club, le gagnant du challenge dessalage recevait une Pôche, grande louche en argenterie des Bauges gravée par Francis BLANC. Les dessalages étaient soigneusement comptés et il est ainsi arrivé qu’une équipière de C2 gagne seule lapôche car elle était sortie du bateau plus souvent que son équipier !
Le premier récipiendaire fut Paulo PERRIER, en 1961. Cela ne l’empêcha pas par la suite d’aller découvrir les rivières du monde entier et de ramener des films éblouissants du Colorado, de l ‘Amazone ou de Turquie.
Le club organisa le premier Critérium de l’Arc en 1961.
André CERUTTI obtint la pôche en 1962, alors que la première médaille du club en Championnats de France était gagnée en descente junior par Claude BLANC et Jacky MONNET.
Les deux juniors gagnaient d’ailleurs en 1963 le titre en slalom et en descente et c’est Michel DEMAY qui recevait la pôche.
En 1964, Francis BLANC, futur Président de la ligue Dauphiné Savoie (créée en 1968) prit le plus de bains dans l’année, pendant que sa fille Simone associée en C2 à Gérard GHIDINI devenait championne de France en descente.
Le premier slalom de la Leysse à Chambéry est organisé cette année-là à hauteur du Palais de justice car la rivière n’était pas encore recouverte par les parkings.
En 1965, à Spittal, Simone et Gérard ramènent la première médaille du club dans un Championnat du monde slalom : ils sont troisièmes par équipe en C2 Mixte. Simone en profite pour gagner la pôche en individuel, laissant Gérard s’occuper du bateau pendant qu’elle en tombe ! Les juniors DEVILLENEUVE empochent le titre descente aux championnats de France.
Les années suivantes, le slalom de la Leysse est déplacé en amont de la MJC et une glissière sera bientôt fabriquée pour franchir le seuil au-dessus du Pont de Serbie. Dans un article du Dauphiné Libéré, les organisateurs demandent à cette occasion aux riverains « d’éviter de transformer la rivière en champ d’épandage ».
A partir de 1967, le club est animé par Bernard DAILLE, qui restera aux commandes pendant plus de 30 ans. Une Ariane et une Frégate emportent tout le monde et les stages se succèdent en campant au bord des rivières encore sauvages.
On navigue beaucoup en Maurienne, alors que l’Arc n’est pas encore détourné sur l’Isère. Un stage à Sollières Sardières voit Simone BLANC et Alain GAYET se baigner dans l’Avérole sans l’attraper. Lors d’un Critérium de l’Arc, les organisateurs chambériens qui se précipitaient pour venir au secours d’une voiture tombée dans la rivière ont la surprise de voir des kayakistes en tenue sortir de leur 4L. C’était des compétiteurs qui s’arrêtant pour observer un rapide y avaient été poussés par une autre voiture…
En mai 68, Chambéry est paralysé par les grèves, les lycées sont fermés et les jeunes tournent en rond. Une permanence à la MJC voit affluer des lycéens désœuvrés qui naviguent sur la Leysse tout l’été et resteront ensuite au club des années.
L’équipier de Bernard, aussi appelé Pote Pote ou Tord Boyaux, voire de son vrai nom Gérard ALLEMOZ, fait lui aussi l’animation : Il joue avec toutes les bestioles qu’il rencontre, navigue avec un orvet dans le bateau ou mange des fourmis qui avaient osé tremper dans sa confiture. Un lézard disparaît aussi par le même chemin. Gérard aimait aussi beaucoup les batraciens : lors d’une descente, il avait installé une petite grenouille dans sa bouche, tête au dehors, car occupé à pagayer, il ne pouvait pas la tenir dans sa main. Malheureusement, une vague un peu brusque lui fit avaler la petite bête.
Tord boyaux s’était vu baptiser ainsi car il était le spécialiste en fabrication de sangles. La technique consistait alors à découper des chambres à air en anneaux, puis les lier un à un pour obtenir une longueur suffisante pour attacher les bateaux. Son petit frère Georges était lui surnommé Couinet en souvenir d’une enfance particulièrement bruyante. Boudu (Bernard RAVIER), importé du Jura, faisait équipe avecCouinet et ils naviguaient ensemble « tout seuls les deux »
Lors d’un bivouac de Pâques sous le pont d’Arc, Daddy avait fait rentrer un crapaud dans le duvet de Michel EXERTIER qui lui, peu amoureux des bestioles, a ensuite passé la nuit sans duvet au coin du feu, n’osant pas s’en débarrasser.
Michel fit d’ailleurs les frais d’autres blagues qui sont encore racontées les soirs d’AG. A une époque où il avait les cheveux très longs et ne voulait pas entendre parler de coiffeur, ses copains lui avaient coupé une mèche de cheveux chaque nuit et lui en rendirent un plein bol à la fin du stage. Un bain moussant lui fut donné dans l’eau calcaire d’une fontaine pétrifiante près de la Durance. Michel, qui est maintenant un chef d’entreprise internationale reste l’ami du club et continue de fournir en couteaux Opinel tous les compétiteurs de la Leysse !
Lors d’un stage sur l’Eyrieux, c’est Jérôme DAILLE (le fils de Bernard) qui fit la bonne blague en donnant la varicelle à Daddy (André BERGER) qui l’a ensuite refilée à tout le club de judo de Montmélian puis à la Fac de Grenoble par l’intermédiaire de sa sœur.
Un autre artiste, surnommé le Fakir avalait, lui des lames de rasoir et escaladait les ponts ou les clochers qu’il croisait au hasard des descentes.
Lors des Championnats du Monde de 1969 à Bourg Saint Maurice, tout le club est en déplacement en Tarentaise. Les frères DEVILLENEUVE s’entraînent et les copains s’occupent de l’intendance : il faut remuer les rochers dans l’Isère, tracer des sentiers au bord de l’eau, installer des escaliers en rondins pour rejoindre les hauteurs où d’autres gèrent le camping. Une fois tout en place, les Chambériens se transforment en plongeurs et assurent la sécurité des courses. Les frères DEVILLENEUVE ramènent une médaille de bronze par équipe, pendant que Jérôme tombe dans le trou des commodités installées pour la circonstance.
Le club organise en 1969 le rallye du Chéran qui deviendra une classique du jeudi de l’Ascension. Gagner le rallye n’est pas une mince affaire car il faut participer à des épreuves allant du plus sérieux (tir à la carabine) au plus loufoque (tir au petit suisse sur un équipier ), en passant par des interrogatoires de culture BD. Le plus important étant de repartir après une bonne descente avec son diot et sa patate…
Les stages se déplacent à Sainte Croix sur la Drôme, et on fait des concours de lancer de bouchons en débouchant les bouteilles de clairette.
Il faut attendre 1971 pour qu’un premier kayak chambérien ramène un titre national, et c’est Gérard DENAT qui le gagne en descente junior.
Cette année-là, Bernard DAILLE reçoit la première pôche d’honneur des mains de Francis BLANC. Les suivants seront Jean GAYET, premier Président du club puis JB BALLEFIN, journaliste au Dauphiné Libéré qui couvrait le kayak et n’hésitait pas parfois à venir en faire pour mieux en parler.
Pierrot MUSSINI, membre du club et menuisier en dehors du bateau, commence à fabriquer des kayaks pour les compétiteurs du club, puis ceux de l’équipe de France. Il complètera l’équipement en fournissant aussi les pagaies jusqu’à la fin des années 70.
En slalom, les frères DEVILLENEUVE ou les frères GUILLEMOT continuent de gagner des médailles en individuel, et des titres par équipe avec les autres équipages ALLEMOZ /RAVIER ou ALLEMOZ /DAILLE. En 1972 il y a deux patrouilles de C2 chambériens engagées pour les Championnats de France slalom par équipe et ils finissent premiers et troisièmes.
En février 1972, un slalom esquimautage a lieu à la piscine de Buisson-Rond, avec 15 portes et 6 esquimautages au menu. L’apprentissage de l’esquimautage à la piscine de Buisson Rond durera pendant une quinzaine d’hiver.
Les titres et les médailles aux Championnats de France slalom ou descente s’accumulent pour les Chambériens et en 1971 le club est sacré meilleur club français d’eau vive devant le club de Vallon Pont d’Arc emmené par Claude PESCHIER. Le challenge Eaux Vives reviendra au club en 1974, après être resté 3 ans à Vallon.
C’est aussi la période des nanas d’choc : Chantal CORNUT, Nicole DEMAY et Noëlle CHARLIER qui patrouillent ensemble et font des ravages…
Gérard ALLEMOZ, Président du club depuis quelques années reçoit une pôche d’honneur en 1974. Son chalet « Neige et Vin » sert de camp de base aux randonnées organisées les lendemains d’Assemblées générales.
En 1975, en Yougoslavie, Luc VERGER devient Champion du monde individuel en C1 descente, et vice-champion par équipe. Un autre chambérien, Gérard DENAT fait partie d’une patrouille descente qui est disqualifiée pour avoir pris un départ lancé. En signe de protestation (le règlement n’était pas clair et les bateaux non tenus à l’époque), les autres descendeurs, dont Luc, refusent de monter sur les podiums et les slalomeurs ne feront même pas les courses. Luc arrive de Nantes et est l’avant-garde d’un débarquement de Nantais et de Parisiens qui feront les beaux jours du club.
Parmi ces Parisiens, il en est un qui n’a plus quitté la Savoie, c’est BELLOU. Après des années de compétitions nationales et internationales, il a fait profiter les jeunes du club de sa connaissance de l’eau vive en les engueulant pendant encore plus d’années sur les stages et les compétitions. Maître chapeur, il a aussi créé plusieurs formes de C2 de compétition et de bateaux de loisir.
Gérard DENAT retrouve en 1976 son titre de champion de France senior, après l’avoir obtenu en 1971, alors qu’il était junior. Le deuxième champion de France chambérien en 1976 est Dominique PERES, qui gagne la descente cadet au terme d’une course rocambolesque aux calculs de résultats tardifs car les départs avaient été donnés toutes les minutes et une seconde !
Christian FROSSARD est champion du monde par équipe en kayak slalom en 1977. Il participe alors à une émission télé à succès : « La tête et les jambes » où il doit, pour rattraper les erreurs d’un équipier, effectuer un slalom sans fautes avec cinq esquimautages. Christian était aussi surnommé Pipelette ou Pipo, car il avait toujours quelque chose à raconter.
Gérard DENAT l’autre kayakiste chambérien engagé dans les championnats du monde, prend sa revanche sur 1975 et devient champion du monde par équipe en kayak descente !
En 1979 au Canada, Luc VERGER survole les C1 et gagne le titre mondial individuel et par équipe.
En 1981, les Championnats du Monde ont lieu en Angleterre et Pays de Galles. Christian FROSSARD change de bateau et gagne un autre titre par équipe en descente. Avec Luc VERGER qui remporte aussi la victoire par équipe en C1, voilà de nouveau deux champions du monde au club !
Cette année là, le club est récompensé par le premier trophée Yoplait, distinction attribuée aux associations sportives de Savoie. Un peu de publicité pour le club qui reçoit à cette occasion le gratin politique et sportif du Département.
Les années suivantes, le rallye du Chéran est abandonné suite à une restructuration de l’aire d’arrivée, le slalom de la Leysse est déplacé au niveau du Bourget du Lac. La Compagnie Nationale du Rhône construit à Yenne un bassin de slalom et le premier sélectif slalom y est organisé en 1986.
Entre 80 et 99, les frères DAILLE, associés à différents équipiers en C2 glanent presque une cinquantaine de médailles en Championnats de France ou Mondiaux de slalom.
Jérôme DAILLE et son copain Gilles LELIEVRE sont champions du monde par équipe en 1987, 1989 et 1991. Leur premier titre mondial en 1987 à Bourg Saint Maurice n’était pas prévu au programme car ils ne devaient pas faire partie de l’équipe. C’est une fracture du bras d’un autre équipier de C2 (qui encourageait les descendeurs en rollers sur la piste cyclable) qui permet à Jérôme et Gilles d’être titulaires et de faire partie de la patrouille gagnante. Ils participeront aussi aux championnats du monde en 1993 et 1995. Jérôme avait commencé sa carrière de médaillé avec Grégoire LEBLANC, dès ses premiers championnats de France cadets en 1980 ; il la termine avec un troisième équipier : Nil GEORGEL, avec qui il effectue ses sixièmes championnats du monde en 1997 !
Les bateaux de Jérôme étaient créés par BELLOU. En 1984 à Bourg-Saint-Maurice, Jérôme et Greg naviguaient sur un prototype lorsque à quelques minutes du départ de la première manche des championnats de France, ils ont été éperonnés par un autre C2. Coup de chance, le prototype était creusé dans la mousse, et donc insubmersible. Le C2 a ainsi pu faire la course avec un simple bout de scotch pour cacher le trou…
Quant à Bertrand DAILLE, il a gagné sept titres nationaux en slalom ou descente avec un premier équipier qui était Sébastien COTTRANT. Malheureusement, lors de leur première sélection en équipe de France senior, ils ont fait tout le voyage jusqu’en Yougoslavie (ce n’est manifestement pas un pays pour les Chambériens !), pour repartir sans avoir navigué car les Français ont boycotté la course sur un bassin jugé trop dangereux ! Sébastien abandonnera le C2 après cette sélection ratée. Il aura eu le temps d’accompagner Bertrand sur une patrouille mémorable en cadet sur l’Aude. Leur équipier d’alors était Guillaume EVEILLARD qui n’avait pas réussi à finir une seule descente lors des reconnaissances et avait même cassé deux C1. Le jour de la course des Championnats de France, Guillaume a dû naviguer sur un C1 vieux de 15 ans (appartenant à Michel EXERTIER), et a embarqué au niveau de la cellule pour ne pas avoir à faire de manœuvre au départ. Ce fut la seule descente réussie sans dessalage de Guillaume ou esquimautage de Sébastien avec un titre de Champion de France à l’arrivée !
En 1992, Bertrand DAILLE et son nouvel équipier Eric BIAU participent aux Jeux Olympiques de BARCELONE et terminent onzièmes. Ils sontvice-champions du monde individuels et par équipe en 1993. Ils sont médaillés individuel et par équipe en 1995 et 1999 et gagnent le titre mondial par équipe en 1997.
En 20 ans, les deux frères et leurs équipiers auront écumé tous les bassins de slalom d’Europe. Profitant des voyages avec l’Equipe de France, ils auront navigué sur les rivières du Monde entier : Etats Unis, Canada, Costa Rica, Brésil, Maroc, Afrique du Sud, Liban, Japon, Australie…
S’ils n’ont jamais navigué dans le même bateau, ils ont cependant réussi à être champions de France ensemble en 1989 (en catégorie junior et senior), en 1994 (en course par équipe C1), et en 97 et 98 (courses par équipe C2). Ils ont même fait une petite sortie familiale en patrouille de Championnats de France avec leur sœur Agnès dans le troisième C2.
Chaque année, le club continue de tenir ses comptes pour le challenge des dessalages, mais avec la généralisation de l'esquimautage, les comptes deviennent ridicules. Le challenge s'est transformé en une récompense annuelle et c'est maintenant Félix BALAS qui gère les comptes.
En 1996, deux jeunes du club, Gauthier GONSETH et Maxime VALLIN, commencent la saison en C1 et finissent les courses de sélection en C2, pour voir. Sélectionnés dans les deux embarcations, ils choisissent la veille des Championnats de France de naviguer en C2. Et gagnent… La relève est assurée !
En 1999, le club a 40 ans et change de nom et de local. Il devient le Canoë Kayak Club de Chambéry Le Bourget et s’installe au bord de la Leysse au Bourget du Lac. Après des années de compétitions intenses sur toutes les rivières du monde, c'est la section tourisme qui reprend du volume et qui organise des sorties sur les rivières et lacs de Savoie.
Car les sorties les plus originales ne sont pas forcément les plus lointaines. En effet, lors des feux d'artifices de l'été, au Bourget ou à Aix les Bains, les kayaks du club font régulièrement des sorties de nuit pour admirer le spectacle depuis le lac. Et c'est ainsi qu'en juillet 2004 un petit groupe parti aux Aquascénies à Aix les Bains est revenu à minuit... sur la vedette des gendarmes, les kayaks en remorquage ! L'autorité avait considéré que vu la circulation nautique trop dense à cette heure, il était dangereux de pagayer !
En 2006, retour de la pôche de dessalage à Dora LE BORGNE, capable de baigner 10 fois sur une seule sortie et d’y retourner encore. Elle nous a promis d’apprendre à esquimauter l’hiver suivant…
En 2007, le club retrouve les courses par équipage. L’année commence par la construction laborieuse d’un C9 qui ne découvrira l’eau qu’à l’automne, quelques jours seulement avant sa première sortie au marathon de l’Ardèche. Pas vraiment terminé, avec un équipage pas vraiment au point, le C9 parviendra héroïquement au terme des 30 km de gorges sans aucune maîtrise de la gîte ou de la ligne droite.
La fin du printemps voit le club partir dans l’aventure des Championnats du monde de dragon boat : 22 personnes dans la même embarcation, dont un batteur, et un barreur. Mais quand les 20 pagayeurs tentent de donner conseils, avis, ordres, rythme ou direction, le barreur et le batteur se demandent bien ce qu’ils sont venus faire dans cette galère ! Plusieurs séances d’entraînement chez nos voisins d’Annecy et lors des sélections seront nécessaires pour harmoniser les coups de pagaie. La semaine des Championnats du monde à Gérardmer sera finalement une belle réussite d’action collective et le club finira premier club français dans les courses engagées.
Présentes depuis quelques années sur le lac, les pirogues polynésiennes débarquent au club. En juillet, un équipage de 6 personnes s’engage en V6 au Cancayak, pour 2 courses en mer d’une vingtaine de kilomètres chacune.
Deux nouvelles manifestations organisées par le club voient le jour : le marathon du Haut Rhône entre Seyssel et Yenne et la Translac du Bourget. La Translac, avec plusieurs parcours de distance différente sur le lac et une animation remarquable par des danseurs polynésiens sera une superbe promotion pour les pirogues.
Les récipiendaires de la pôche de dessalage :
Paulo PERRIER (1961), André CERUTTI ( 1962), Michel DEMAY (1963), Francis BLANC (1964), Simone BLANC (1965 - fille du précédent),Christian BATAILLER (1966), Michel EXERTIER ( 1967), Patrick PERRIER (1968), Philippe GUILLEMOT (1969), Nicole DEMAY (1970),Bernard HUGONNIER (1971), Noëlle CHARLIER (1972), Martine ROCHET (1973), Paul PACCARD (1974), Brigitte PACCARD (1975 - fille du précédent), Stéphane BECQ (1976), Dominique PERES (1977), Hubert MARION (1979), François LABORDE (1980), Raphaël RUAT (1981),Jérôme DAILLE et Grégoire LEBLANC (1982), Magali DAILLE (1983 - sœur du précédent), Sébastien COTTRANT (1984), Georges THOMAS (1985), Bertrand DAILLE (1986), Guillaume EVEILLARD (1987), Guillaume GONSETH (1989), Yoann VINAY (1990), Dora LE BORGNE (2006), Marine FISNOEL (2007)
Palmarès de la Pôche d’Honneur :
Bernard DAILLE (1971), Jean GAYET (1972), JB BALLEFIN (1973), Gérard ALLEMOZ (1974), André BARDAGOT (1978), Gilles BELLET (1979)
André BERGER (1996), Agnès DAILLE (1997), Jérôme DAILLE (1998), Loïc LE BORGNE (1999), Marion LE BORGNE (2001), Yann MARQUER (2002), Nicolas DETHEVE (2003), Michel EXERTIER (2005)
Pôche d’encouragement :
Guilhem COURDURIES (2004), Laurent COUDURIER (2008)